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Affaire Auguste Dédé : la colère ne faiblit pas malgré les appels à l’apaisement

Après la plainte déposée par des parents d’élève policiers contre la principale du collège Auguste Dédé, plusieurs centaines de personnes se sont réunies samedi soir sur la place des Palmistes à Cayenne, à l’appel des députés Davy Rimane et Jean-Victor Castor, pour dénoncer des « dysfonctionnements systémiques ». Les représentants de l'Etat, eux, appellent à l’apaisement.

  • Par: adminradio
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On rappelle que ce mouvement est né après une plainte déposée par des parents d’élève, tous deux fonctionnaires de police, contre la principale du collège Auguste Dédé, à Rémire-Montjoly. Les parents accusent la cheffe d’établissement de harcèlement après qu’elle a demandé à leur fils de rédiger une punition le jour où le reste de sa classe participait à une sortie scolaire.

L’élève aurait tenu des propos racistes envers un camarade, ce qui avait conduit l’équipe pédagogique à privilégier une sanction éducative plutôt qu’une exclusion. Mais les parents, soutenant leur enfant et refusant qu’il présente ses excuses, ont décidé de porter plainte, déclenchant une forte émotion au sein de la communauté éducative et une mobilisation croissante.

« Un problème bien plus profond »

Devant la foule, Davy Rimane (Asewa) a ouvert la rencontre en dénonçant le comportement des parents plaignants et le silence des autorités. « Depuis quand des personnes dépositaires de l’ordre public s’octroient le droit d’avoir de tels comportements envers des concitoyens ? », a-t-il lancé. Selon le député, cette affaire révèle des dysfonctionnements graves des services de l’État en Guyane :

« Ce qu’il s’est passé à Auguste Dédé n’est pas un cas isolé. C’est l’illustration d’un problème bien plus profond qu’il faut traiter de front. »

Une équipe éducative livrée à elle-même

Davy Rimane a également exprimé son soutien à la principale, rappelant que l’équipe pédagogique avait « agi dans les règles » et fait preuve de professionnalisme :

« Les enseignants ont choisi la voie du dialogue et de la pédagogie plutôt que de la sanction disciplinaire. Ils n’ont pas été accompagnés par le rectorat comme il se doit. »

Selon lui, l’administration a failli dans son devoir de protection envers les personnels, laissant place à la tension et à la peur. « Quand une principale fait son travail et se retrouve auditionnée, c’est qu’il y a un problème de fonctionnement au sein de l’État. »

Appel à la mobilisation citoyenne

Les députés Davy Rimane et Jean-Victor Castor (MDES) ont appelé la population à se rassembler lundi 6 octobre à 7h, devant la caserne des pompiers de Cayenne, pour exprimer leur solidarité. « Ce qu’on propose, c’est la mobilisation maximale de la population », a insisté le parlementaire. En soutien, les lycéens de Lama-Prévot et Melkior-Garré se joignent au rassemblement. 

Et l’UTG organise une « veillée culturelle » ce dimanche soir 18h30 devant le collège Auguste Dédé, tandis que des élèves du lycée Lama-Prévot annoncent une grève de soutien lundi matin.

Le préfet et le recteur appellent à l’apaisement

Face à la montée des tensions, le préfet de Guyane a pris la parole sur Guyane la 1ère pour exprimer son soutien à la principale et appeler à la sérénité. Antoine Poussier a également annoncé qu’il a demandé qu’une enquête administrative soit menée :

« Je lui ai exprimé mes profonds regrets sur les conditions de son audition. Ce traitement sans discernement a provoqué une forte émotion. Nous devons éviter que cela se reproduise. Je regrette cette instrumentalisation politique qui amène à la division des Guyanaises et Guyanais »

Le recteur Guillaume Gellé a lui aussi apporté son appui à la cheffe d’établissement dans un communiqué :

« Nos chefs d’établissements exercent des fonctions difficiles. Je défendrai fermement leur autorité et leur travail chaque fois qu’ils seront mis en cause. »

Il se rendra au collège ce lundi pour accompagner la principale de retour dans l’établissement.

 Une affaire qui révèle les maux d’une société

Pour de nombreux observateurs, cette affaire dépasse le cadre d’un simple conflit scolaire. Elle interroge les relations entre l’école, les parents et les institutions, mais aussi le rôle des forces de l’ordre dans la société. « On ne peut pas accepter que des représentants de la loi se placent au-dessus d’elle. Ces personnes doivent simplement quitter le territoire », a conclu Davy Rimane sous les applaudissements du public.