Centre spatial guyanais : le futur ensemble multi-lanceurs prend forme

Installé sur l’ancien pas de tir Diamant, d’où fut lancée la première fusée française en 1970, l’ELM allie héritage et modernité. Le site accueillera jusqu’à cinq pas de tir destinés aux micro et mini-lanceurs privés, ainsi que les essais du lanceur réutilisable Callisto.
« Le choix de Diamant permet de réutiliser des infrastructures existantes tout en réduisant l’empreinte environnementale du projet », souligne Carine Leveau, directrice du transport aérien au CNES.
L’objectif selon le CNES est de répondre à la demande croissante d’accès rapide, flexible et régulier à l’orbite basse, dans un contexte de miniaturisation des satellites et de multiplication des opérateurs spatiaux.
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Des infrastructures partagées
L’ELM repose sur une répartition entre moyens communs et spécifiques. Les installations communes, financées par le CNES à hauteur de 50 millions d’euros dans le cadre du programme France 2030, incluent réseaux, stockage de fluides, bâtiments de coordination et sécurité. Chaque opérateur financera et construira ses propres pas de tir et infrastructures associées.
« Sur l’ensemble de lancements multi-lanceurs, le CNES fournit tous les moyens nécessaires autour de la sécurité et de la logistique, comme les ergols, l’eau glacée pour la climatisation ou l’énergie », explique Carine Leveau.
Selon elle, la cadence des lancements sera dictée par le marché, mais les infrastructures sont conçues pour être prêtes à répondre à une demande croissante.
Des opérateurs privés déjà actifs
Parmi les futurs exploitants, la société Latitude a déjà rempli une grande partie de son carnet de commandes.
« Nous avons vendu la majorité de nos vols jusqu’en 2028 et signé de nombreuses précommandes jusqu’en 2032. L’objectif est d’atteindre 50 lancements par an d’ici 2030 », précise Stanislas Maximin, PDG de Latitude.
Cette dynamique s’accompagne d’une implantation locale, avec des équipes expérimentées issues de précédents programmes spatiaux en Guyane.
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L’ELM complète Ariane 6 et Vega-C et bénéficie du soutien de l’Agence Spatiale Européenne, qui pourra utiliser les radars et systèmes de télémesure existants. Il renforce la capacité française et européenne à mener des missions institutionnelles, commerciales et technologiques.
« L’ELM permet d’offrir une plateforme compétitive aux micro et mini-lanceurs tout en tirant parti des 60 ans d’expertise du CSG », résume Carine Leveau.
Un impact économique et environnemental en Guyane
Le projet mobilise des dizaines de millions d’euros d’investissements publics et privés et génère de l’activité pour les entreprises locales. Certains opérateurs, comme PLD Space, ont déjà initié des démarches de formation et de recrutement en Guyane.
Des mesures environnementales ont été mises en place dès la conception : réduction de l’emprise au sol, aménagements pour la biodiversité et suivi écologique du chantier.
Les travaux sont bien avancés : démantèlement des installations anciennes depuis 2020, études techniques depuis 2022 et début du chantier en 2025. L’ELM devrait être pleinement opérationnel dès 2026, avec le premier lancement prévu la même année.