Déborah Buzaré : donner paix aux défunts, réconfort aux familles
 
                                Depuis 2009, Déborah Buzaré exerce un métier peu connu, souvent entouré de mystère : thanatopractrice. Après une longue carrière dans l’Hexagone, elle a choisi de revenir en Guyane, sa terre natale. Aujourd’hui, elle parcourt les communes et les fleuves pour offrir ses services aux familles endeuillées.
« Mon rôle, c’est de permettre aux familles de dire au revoir dans la sérénité. Le soin que je donne au défunt, c’est une manière de lui rendre sa dignité, et d’apaiser ceux qui restent », confie-t-elle avec émotion.
Un métier exigeant et méconnu
Le thanatopracteur intervient sur le corps du défunt pour réaliser les soins de conservation, appelés soins de thanatopraxie, qui permettent de ralentir la décomposition naturelle. Il procède ensuite à l’habillage, au maquillage et à la mise en salon funéraire, afin de présenter le défunt dans les meilleures conditions, explique Déborah.
« C’est un métier qui demande une grande stabilité émotionnelle. On est face à la mort chaque jour, mais aussi à la douleur des proches. Il faut savoir écouter sans se laisser submerger ».
À ne pas confondre avec la thanatoplastie, la thanatopraxie, qui consiste à ralentir la décomposition du corps et mieux le préserver. Le thanatopracteur injecte un produit à base de formol (pour lequel le thanatoplasticien n’est pas habilité).
Issue d’une famille de cyclistes, elle-même double championne de Guyane en 2003 et 2006, Déborah a conservé de ses années de sport un mental d’acier. Elle excelle aujourd'hui dans la course à pied.
 © G. Ho-A-Sim
© G. Ho-A-Sim
Un rôle essentiel dans les traditions guyanaises
Son travail prend une dimension particulière en Guyane, notamment auprès des familles bushinengue du Maroni, dont les rituels funéraires peuvent durer plusieurs jours, explique-t-elle :
« Dans certaines communautés, la veillée est longue, les chants et les prières peuvent se poursuivre pendant plusieurs nuits. Les soins de conservation sont alors essentiels pour préserver le corps tout au long des cérémonies »,
Ainsi, au-delà de l’aspect technique, Déborah voit sa profession comme une mission humaine et culturelle. « C’est un pont entre la tradition et la modernité, entre la vie et la mort. Je me sens utile quand je vois la paix sur le visage des familles après la cérémonie. »
Devenir thanatopracteur : un parcours exigeant
Pour exercer, il faut obtenir le Diplôme National de Thanatopracteur, accessible après le baccalauréat. La formation dure de 18 à 24 mois et comprend des cours en biologie, anatomie, hygiène, législation funéraire, ainsi qu’un stage pratique en entreprise. L’examen final, organisé par le ministère de la Santé, permet d’obtenir une habilitation préfectorale pour pratiquer.
Un métier rare, souvent dans l’ombre, mais essentiel. Pour Déborah Buzaré, c’est avant tout une vocation :
« On ne choisit pas ce métier par hasard. C’est une façon d’accompagner la vie, même dans la mort. »