Kourou Queen : succès d’un concours où le drag revendique sa force militante
Succès confirmé pour cette deuxième édition de Kourou Queen, le concours de drag organisé à Kourou par l’association Kourou Queer. Près de 200 spectateurs ont rempli le cinéma Urania pour assister à une soirée pleine de paillettes, de performances et de messages engagés. Cette année, la couronne revient à Roméo Grololo, premier Drag King à remporter le titre. Une victoire symbolique pour ce genre de drag encore peu connu du grand public qu’explique le gagnant ému après sa victoire :
« Je ressens une immense joie et une grande fierté d'avoir gagné en tant que premier King à avoir remporté la couronne en Guyane. C’est un genre encore trop méconnu et je suis honoré de le faire connaître »
Un art aux multiples visages
Dans l’univers du drag, la diversité des expressions est au cœur de la scène. Si les drag queens – souvent des hommes qui incarnent des personnages féminins – sont les plus connues, d’autres formes existent et gagnent en visibilité.
© Allan Brito Viajero
Les drag kings, comme Roméo Grololo, sont des femmes ou des personnes non binaires qui interprètent des personnages masculins. À leurs côtés, les drag créatures ou drag queer repoussent encore davantage les frontières du genre et de l’esthétique, explorant des univers hybrides et artistiquement radicaux.
À Kourou Queen, toutes ces expressions se sont croisées dans un show vibrant, célébrant la liberté d’être et de créer.
© Allan Brito Viajero
Déconstruire la masculinité
Derrière son personnage de séducteur sûr de lui, Roméo Grololo explore la virilité sous un autre angle. « Roméo est un beau gosse, charo, sexy en façade, mais qui questionne la virilité et la masculinité toxique. Il démonte ces codes pour accepter sa part de féminité et de sensibilité », explique-t-il. Sur scène, il porte un message fort : aimer et s’accepter pleinement, au-delà des normes imposées.
« Je souhaite permettre aux hommes d’explorer d’autres facettes possibles de la masculinité et faire passer un message d’amour : la nécessité de s’aimer soi-même et d’aimer les autres dans leur diversité. La “norme” est une construction sociale qui pèse autant sur les femmes que sur les hommes. »
Entre performance artistique et affirmation identitaire, Kourou Queen s’impose comme un rendez-vous incontournable en Guyane. Et Roméo Grololo, nouveau roi du drag local, affirme avec passion : « Je ressens une énergie tellement puissante grâce au public ! Vous n’êtes pas prêts pour la suite »
© Allan Brito Viajero
Le drag, un art engagé, militant et inclusif
Du côté des organisateurs, l’association Kourou Queer se félicite du succès de cette seconde édition. Si le nom « Kourou Queen » a été conservé, c’est avant tout pour une question de cohérence. « Kourou Queen, c’est le nom du concours que nous avons créé l’an dernier. Même si cette année plusieurs types de drag étaient représentés, nous avons gardé le nom pour la continuité et parce qu’il reste inclusif », expliquent les membres de l’association. Pour eux, le drag dépasse le simple spectacle : il s’agit d’un acte politique.
« Le drag donne de la visibilité à la communauté Queer dans son ensemble. Il permet de questionner les codes de la féminité et de la masculinité, et de promouvoir des valeurs d’inclusion, de paix et d’amour »
© Allan Brito Viajero
Une association en plein essor
Créée à partir d’un rêve commun, l’association Kourou Queer s’est inspirée de l’émission Drag Race France diffusé sur FranceTV pour lancer son propre concours en Guyane. Mais son engagement va bien au-delà du drag rappelle La Spicy, membre de l’association, drag queen animatrice de la soirée :
« Nous avons organisé la première Pride en Guyane, mené des actions de sensibilisation en milieu scolaire et professionnel, et créé des événements conviviaux pour la communauté »
Pour la suite, l’association veut aller plus loin. « Nous souhaitons développer nos actions et ouvrir, à moyen terme, un espace d’accueil et de parole pour les jeunes LGBTQIA+ en souffrance, discriminés et rejetés. ».