Grève à La Poste : les entreprises guyanaises tirent la sonnette d’alarme
Alors que le conflit s’installe, le tissu économique guyanais, majoritairement composé de petites entreprises, s’interroge sur sa capacité à absorber un blocage de grande ampleur. Depuis le 4 novembre, une intersyndicale bloque les activités du centre de tri courrier. Les négociations n’avancent pas.
L’intersyndicale Sud PTT Guyane et UTG CGT PTT Guyane souhaite renforcer le mouvement. Les agents grévistes déplorent une réorganisation des distributions de tournée revue à la baisse. La direction justifie la réduction du nombre de tournées par une baisse du nombre de pli de moitié en 10 ans en Guyane.
Un nouveau préavis étendu à l’ensemble des bureaux du territoire doit entrer en vigueur lundi 24 novembre. Résultat : courrier et colis ne sont plus distribués, affectant aussi bien les habitants que les entreprises, en particulier les petites et moyennes structures.
Sans remettre en cause les revendications portées par les grévistes, Joëlle Prévot Madère, présidente de l’Union des socio-professionnels et PME de Guyane, s’inquiète d’un conflit qui dure déjà trop longtemps :
« Le gros point d’interrogation, c’est la durée du mouvement. Deux, trois jours, ça passe. Mais après une semaine, ça devient compliqué. Là, ça commence à devenir vraiment compliqué ».

Des impacts déjà visibles sur l’activité
Les entreprises commencent à ressentir les effets du blocage, notamment dans les secteurs dépendants des livraisons rapides. La période actuelle, marquée par un afflux de colis, rend la situation encore plus critique. Les PME manquent de pièces détachées, de fournitures ou de marchandises nécessaires à leur fonctionnement quotidien. Elle rappelle que dans de nombreux secteurs, les commandes se font « au fil de l’eau », faute de pouvoir constituer des stocks :
« Nous n’avons pas les moyens de surstocker. La plupart des entreprises ici sont de petites structures, sans capacité financière ou matérielle pour constituer des réserves »
L’absence d’un centre de tri automatisé pointée du doigt
Au-delà de la grève, la présidente des socio-professionnels évoque un problème structurel : la Guyane est le seul territoire sans centre de tri automatisé :
« C’est un problème à régler : un centre automatisé permettrait de traiter plus de colis, plus vite, et de soulager les agents »
Si certains craignent une réduction des effectifs liée à l’automatisation, elle reconnaît ne pas disposer d’assez d’éléments pour évaluer cet impact. Mais elle insiste : les retards accumulés faute d’infrastructures modernes aggravent les effets de la grève. Certaines activités essentielles pourraient bientôt être paralysées.
« Si nous n’avons pas la pièce, nous ne pouvons pas faire la réparation et nous ne pouvons pas transporter les enfants », illustre Joëlle Prévot Madère gérante d’une société de transport de personnes.
Les socio-professionnels mettent en garde contre un scénario déjà observé par le passé et ses conséquences.