Cayenne : polémique autour de la redistribution des indemnités des élus municipaux

Le 17 septembre dernier, le conseil municipal de Cayenne a adopté une nouvelle répartition des indemnités concernant les élus disposant d’une délégation. Selon la mairie, cette réorganisation visait à « établir une répartition plus équitable » après le retrait de délégations à douze conseillers et la suppression de quatre postes d’adjoints.
Une décision que l’opposition, menée par la Nouvelle Force de Guyane (NFG), juge « incompréhensible » dans le contexte économique actuel et à l’approche des municipales de 2026.
Le NFG dénonce « un triplement des indemnités »
Dans un communiqué virulent, le NFG accuse la majorité de « clientélisme » et d’« opportunisme politique ». « Cayenne, la nouvelle majorité ne se distingue pas par le travail, mais par le triplement de ses indemnités. L’argent public, destiné à l’intérêt général, est aujourd’hui détourné vers l’intérêt personnel », affirme le mouvement. Chester Léonce, secrétaire adjoint de NFG, déplore également un manque de priorité budgétaire :
« Au lieu de redistribuer cet argent pour les Cayennais, pour réparer les routes, pour soutenir les associations, on préfère redistribuer pour les élus, à cinq mois des élections. Cayenne a besoin d’améliorer son quotidien, pas de tripler les indemnités des conseillers délégués. »
Le NFG cite notamment le cas du club de football de l’AJ Saint-Georges de Cayenne, qui n’aurait pas obtenu de subvention, pour illustrer ce qu’il qualifie de « choix politiques malvenus ».
© Ville de Cayenne
La nouvelle majorité défend une « redistribution équitable »
La majorité municipale rejette fermement ces accusations. Dans un communiqué, elle rappelle que l’enveloppe globale des indemnités n’a pas été augmentée depuis 2020. « Il est crucial de préciser qu’aucun bénéfice n’a été accordé ni au maire ni aux adjoints. La redistribution a été faite sur la base de l’enveloppe budgétaire globale votée en 2020 », souligne la Ville de Cayenne. Pour Christian Faubert, premier adjoint au maire, il s’agit simplement d’une répartition adaptée à la nouvelle configuration politique :
« Cet argent-là est redistribué aux conseillers municipaux qui s’engagent et accompagnent les administrés. Il n’y a pas eu d’enveloppe supplémentaire. L’AJ Saint-Georges, d’ailleurs, a bien reçu une contribution de la ville. »
Un débat de campagne électorale ?
À l’approche des municipales, l’opposition accuse la maire Sandra Trochimara de chercher à consolider ses soutiens au sein du conseil, « C’est purement du clientélisme. On maintient un groupe à coup d’indemnités », estime Chester Léonce.
La mairie, de son côté, assure que la décision vise uniquement à « valoriser l’engagement » des élus restants, dont la charge de travail a augmenté après le retrait de plusieurs délégations.
Alors que le climat politique s’échauffe, cette controverse sur les indemnités illustre déjà l’ambiance de campagne qui se profile à Cayenne, cinq mois avant le scrutin municipal. La bataille des municipales est bel et bien lancée : le NFG avait déjà annoncé en mai dernier la candidature de sa cheffe de file, Marie-Laure Phinéra-Horth, ancienne maire de Cayenne (2010-2020) et actuelle sénatrice de Guyane.