À Oiapoque, une maison des femmes pour accueillir les victimes de violences

Avec près de 30 000 habitants, la région transfrontalière d’Oiapoque ne disposait jusqu’ici d’aucun lieu d’accueil pour les femmes menacées. L’inauguration lundi de la Casa da Mulher – la maison des femmes – vient combler ce manque criant. Portée par les associations DPAC Fronteira et ID Santé, avec le soutien financier de l’ambassade de France, de l’Agence française de développement, de fonds européens gérés par la CTG et du programme Interreg Amazonie, l’initiative marque un tournant pour la prise en charge des victimes de violences conjugales.
Le centre peut accueillir jusqu’à 14 femmes et leurs enfants de moins de 12 ans. Le lieu, tenu secret pour des raisons de sécurité, est pour l’instant hébergé dans un bâtiment loué, en attendant la construction d’une structure pérenne.
Plus qu’un abri : un accompagnement global
Au-delà de l’hébergement d’urgence, la maison des femmes propose un véritable parcours d’accompagnement, comme l’explique Coline Laporte, chargée de projet transfrontalier pour l’association ID Santé :
« Elles vont pouvoir bénéficier de soutiens psychologiques, juridiques, et d’appuis de médiatrices pour sortir du cycle de la violence et s’émanciper, trouver éventuellement un travail. (…) Ici, il y a des activités de méditation, de zumba, des groupes de parole pour libérer la parole et trouver des solutions. »
Depuis quelques années déjà, médiatrices, psychologues et juristes spécialisées interviennent sur le territoire. Mais selon elle, l’ouverture de ce lieu marque une étape essentielle. « Aujourd’hui, c’est quand même un grand jour pour la prise en charge des femmes victimes de violence. »
© F.Royer - Radio Télé Péyi
Avec ce dispositif inédit, les associations et les institutions partenaires espèrent briser l’isolement des victimes et offrir une réponse concrète à un problème longtemps resté sans solution dans cette région frontalière. Pour les acteurs du projet, il s’agit d’un premier pas vers une prise en charge globale et durable des violences faites aux femmes sur le bassin de l’Oyapock.
Une réponse à l’urgence locale
Jusqu’à présent, les rares structures d’accueil se trouvaient à Cayenne ou à Belém, trop éloignées pour les victimes d’Oiapoque. Désormais, leur mise à l’abri se fera directement sur place, avec l’appui de la justice de l’État d’Amapá, qui délivrera les ordonnances de protection nécessaires, précise Coline Laporte :
« On sait que les places pourront rapidement être occupées. (…) Une fois qu’elles déposent plainte et qu’elles obtiennent une ordonnance de protection, elles sont transférées à la maison des femmes par la police. C’est surtout le tribunal de justice de l’Amapá qui va donner l’ordonnance, mais c’est la police qui les amène pour des raisons de sécurité. »
Le centre, sécurisé et confidentiel, dispose de gardiens pour assurer la protection des résidentes.